Bel été

Où je regarde la beauté a laissé des traces de son passage. Le vent léger fait frissonner le arbres. Nos corps retrouvent des sensations oubliées et s'abandonnent dans les vieux lits craquants. L'envie de dormir pendant un mois. Nous sommes prêts pour une hibernation estivale. Les plus jeunes réclament la contact de l'eau fraîche. Termidor, le maître des lieux se languit de jouer avec la jeune Elise. Un jockey habitué des lieux et sa fille en robe rouge échangent des bribes de mots avec les estivants à peine débarqués et ignorants des lieux.

Au saut du lit, on se glisse dans quelques fripes légères pour filer se gaver de confitures d'abricot et de melon du pays. Le jambon est un peu gras sur les palais raffinés. L'accent des autochtones chantonnent à nos oreilles. Les femmes ont la voix cassée et le cheveu court. Ici la recette de la tapenade se transmet de génération en génération. La grand-mère du mas cuisine des délicatesses sucrées pour tout un tas d'immigrants aux accents divers venus se dorer la carne sous le soleil généreux du pays des santons. Très embarrassée d'accueillir un couple d'Australiens sans connaître un mot "d'inglish", elle se gêne de solliciter l'alsacienne de passage avant de lui décerner le titre de professeur. L'alsacienne ne s'étonne plus, ça lui arrive au moins deux fois par an et pourtant elle ne porte pas de binocles. Tout au plus le soir dans l'intimité de sa maison.

Les voyageurs ont apprécié la visite de l'abbaye de Sénanque. Un lieu chargé d'histoire, de paix, d'harmonie et de douceur. Des images de lavande violette mêlée à l'ocre des pierres séculaires. La robe blanche et le scapulaire noir d'un moine qui se faufile avec un agacement furtif entre les badauds venus jusqu'ici mus par un je ne sais quoi de sentiment mystique ou tout au plus une vague envie de se faire du bien. Les plus fervents choisiront la retraite silencieuse. Les autres la pose mièvre dans les champs de lavande interdits au public.

Nathalie Meyer